LETTRES ADRESSEES AU DUC DE bOURGOGNE

PENDANT LA CAMPAGNE DE FLANDRE; LE DUC DE bOURGOGNE EST EN DIFFICULTE

LETTRES  SPIRITUELLES DE FENELON

TOME III 1751

Lettre V  Au même duc de Bourgogne

Pendant la même campagne des Flandres

 

C’est dans l’adversité que doit éclater le courage d’un Prince. Exemple de Saint Louis. Se décider suivant t un bon conseil.

 

Monseigneur je me suis consolé des mécomptes que vous éprouvez, que par l'espérance du fruit que Dieu vous fera tirer de cette épreuve. Dieu donne souvent, comme Saint  Au­gustin le remarque, les prospérités temporelles aux impies même, pour mon­trer combien il méprise ces biens, dont le monde est si ébloui.

 

Mais pour les Croix, il les réserve aux siens, qu'il veut détac­her, humilier sous sa puissante main, et rendre l'objet de sa complaisance. C’est  parce -que vous étiez agréable à Dieu, dit l'Ange .Tobie, a été nécessaire que  la tentation vous éprouvât. Il manque beaucoup à tout homme, quelque  grand qu’il soit d’ailleurs, qui n’a jamais senti l'adversité. Le Sage dit : Celui  qui 'a point été tenté, que fait-11 ?

 

On ne connait ni les autres hommes, ni soi- même, quand on n'a jamais été dans l’occasion du malheur, où l'on fait la véritable épreuve et de foi et d'autrui. La. prospérité est un torrent qui vous porte, en cet état tous les hommes vous encensent. Mais l'adversité est un torrent qui vous entraîne, et contre lequel il faut se roidir. sans relâche, les grands Princes ont plus de besoin que tout le reste des hommes, des leçons de l'adversité. C'est d’ordinaire ce qui leur manque le plus. Ils ont besoin de contraction pour apprendre à se modérer, comme les gens d'une médiocre condition ont besoin d'appui.

 

Sans la contradiction, les Princes.  Ne font point dans les travaux des hommes (eccleXXXIV 9) et. ils oublient l'humanité. Il faut qu'ils sentent. Que tout peut leur échapper  que leur  grandeur  même   est  fragile et que tous les hommes qui sont à leurs pieds leur manqueraient, si cette grandeur venait à leur manquer. Il faut qu’ils s'accoutument à ne, vouloir jamais hasarder de trouver le bout de leur pouvoir, et qu'ils sachent se mettre par bonté en la place de tous les autres hommes, pour voir jusqu’ 'où il faut les ménager.

 

 En vérité, Monseigneur il est bien plus important au vrai bien des Princes et de leurs peuples,  que les Princes acquièrent une telle expérience, que de les voir toujours victorieux. Ce que je craignais pour vous, était une joie flatteuse de commander une si puissante armée. Je priais Dieu que vous ne sussiez point, comme ce Roi dont il est dit dans l’Ecriture :: Gloriabatur quasi potens in potentat exercitus fui.

 

Les plus grands Princes n'ont que des forces empruntées. Leur confiance est bien vaine, s'ils s'imaginent être forts par cette multitude d'hommes qu'ils assemblent. Un contretemps, une ombre, un rien ne met l'épouvante et le désordre dans ces grands corps. Je fus touché, jusqu'aux larmes, lorsque je vous entendis prononcer avec tant de religion ces aimables paroles :

(I ) Hi in curribus ,et hi  in equis : nos autem in nominc Domini,"( 1) Psaume XIX , 8

Beauconp de gens grossiers s'imaginent que la gloire des Princes dépend des succès elle dé pend des mesures bien prises,  et non des succès que ces mesures préparent. Elle ne dépend pas même entièrement des mesures bien prises; car les fautes que les Princes les plus habiles peuvent faire se tour­nent à profit pour les perfectionner, et pour relever leur réputation, quand ils en savent un bon usage.

 

Le véritable  honneur des Princes ne dépend que de leur vertu. .Ils ne peuvent qu’être admirés s’ils se montrent bons, sages, courageux, patients. L'adversité leur donne un lustre qui manque à la prospérité la plus éclatante. Elle découvre en eux des ressources que le monde n'aurait jamais vues, si tout fût venu au devant d’eux, au gré de leurs désirs -

 

La plus. Grande de toutes les victoires est celle d’une sagesse et d'un courage qui est victorieux du malheur même. On ne saurait donner un exemple plus décisif que celui du Roi S. Louis. Il combattait  pour la Religion, et Dieu qui l’aimait, lui donna toutes les croix que vous savez. Je prie très souvent, afin que le petit-fils de ce grand Roi soit l'hé­ritier de ses vertus, et que vous soyez, comme lui, selon le cœur de Dieu. Ma joie serait grande, si vous pouviez exécuter de grandes choses pour le Roi et pour l'Etat ; mais si Dieu permet que vous ne puissiez pas les exécuter, „ je souhaite qu'au moins vous sachiez jusqu’a bout tout ce qu'on peut attendre de vous. • Vous le ferez sans doute, Monseigneur, si vous êtes fidèle à Dieu. Il vous conduira comme par la main.

 

 Oserai- je vous dire ce que j'apprends que le public dit ?

Si je suivais les règles de la prudence, je ne le fer   ais pas. Mais j'aime mieux m'exposer à vous paraître indiscret, que manquer à vous dire ce qui sera peut-être utile dans un cœur tel que le vôtre.

 

 On vous estime sincèrement ; on vous aime avec tendresse ; on a conçu les plus hautes espérances des biens que vous pourrez faire. Mais le public prétend savoir que vous ne décidez pas assez, et que vous avez trop d'égards pour des conseils très inférieurs à vos propres lumières. Comme je ne sais point les faits, j'ignore sur qui tombent tous ces discours et je ne fais que vous rapporter simplement, mot pour mot, ce  que je  ne sais, ni ne puis démêler.

Il  est  vrai' Monseigneur que votre soumission aux Volontés du Roi doit terre inviolable ; mais vous devez user toute l'étendue des pouvoirs qu’il vous laisse, pour le bien de son service.

De plus, il convient que vous fassiez  les plus fortes représentations, si vous voyez que  vous ayez besoin qu'on augmente vos pouvoirs

Un Prince sérieux accoutumé à l’application, qui s’est donné à la vertu depuis longtemps et qui achève sa troisième campagne à l’âge de vingt-sept ans commencés, ne peut  être regardé comme étant trop jeune pour décider.

 

Mr. le Duc d'Orléans a des pouvoirs absolus pour la guerre d’Espagne On a déjà vu par expérience qu’on .ne peut attendre de vous, Monseigneur qu'une conduite mesurée et pleine de modération.  Il ne s'agit point des décisions  que vous pourriez faire tout seul contre l'avis de tous les Officiers généraux de l’armée : il suffit seulement que vous soyez libre  de suivre ce que vous croirez à propos, quand votre avis sera confirmé par ceux des Officiers généraux qui ont le plus de réputation et d’ex­périence. On hasardera beaucoup moins, en vous donnant de tels pouvoirs , qu'en vous tenant gêné et assujetti aux pensées d'un particulier , ou en vous faisant toujours attendre les décisions du Roi. Ce dernier parti vous exposerait à de très- fâcheux contretemps. 11 y a des cas pressants où l'on ne peut attendre sans per­dre  l’occasion, et où personne ne peut décider, que ceux qui voient les choses sur les lieux.

Je vous demande pardon, Monseigneur, de cet excès de liberté qui vient d'un excès de zèle. Je n’ai, Dieu merci, aucun intérêt en ce mon­de. Je ne suis occupé que du vôtre, qui est celui du Roi et de l'Etat. Je sais à qui je parle et je ne puis douter de la bonté de votre cœur. Le mien vous sera dévoué le reste de ma vie, avec l'atta­chement le plus inviolable, et avec le respect le plus profond.

A Cambray le 16 septembre  1708

 

 

LETTRE VI.

A u même duc de Bourgogne.

Pendant la même Campagne.

Quel doit être la dévotion d'un Prince. –Son attention pour les gens de mérite ; sa fermeté  et son courage dans les cas  affligeants.

 

On ne peut être plus édifié et plus charmé que je le suis, Monseigneur, de la solidité de vos pensées, et de la piété qui règne dans tous vos sentiments .Mais plus je suis touché de voir ce que Dieu met dans votre cœur plus le mien  est déchiré d' ‘entendre ce que j’entends. Je donnerais non seulement ma vie pour l’Etat; mais encore  pour la personne du Roi, pour sa prospérité et je prie Dieu tous les jours sans relâche, afin qu’il le comble de ses  bénédictions.

Ce qui m’a consolé de vous voir si traversé et si contredit, est que je vois Le dessein de Dieu, qui veut vous purifier par les croix, et vous donner l'expérience des embarras de la vie humaine, comme au moindre particulier. D'ail­leurs je ne saurais douter que Dieu ne soit votre conseil, votre force, votre tout, pourvut que vous rentriez sans cesse au-dedans de vous pour l'y trouver, et pour agir ensuite vans scrupule, selon les besoins. Estoc vira Fortis ct palicare balla Dominai. Ne vous mettez point en peine de me répondre ; il me suffit que mon cœur ait parlé au vôtre en secret devant, Dieu seul. C’est en lui que je mets toute ma confiance pour votre prospérité Monseigneur'; je vous porte tous les jours à l'autel avec le zèle le plus ardent.

 

Pourvu que vous vous donniez à Dieu en chaque occasion avec une humble confiance, il vous conduira comme par la main, et décidera sur vos doutes. Quelque génie qu'il vous ait donné, vous courriez grand risque de faire par irréso­lution des fautes irréparables si vous vous tourniez à une dévotion faible et scrupuleuse. Ecoutez les personnes les plus expérimentées;  et en suite prenez votre parti. Il est moins dangereux d’en prendre un mauvais que de n’en prendre aucun ou que d’en prendre un trop tars. Pardonner, Monseigneur la liberté d’un ancien serviteur qui prie sans esse pour vous et qui n’a d’autre consolation en ce monde que celle d’espérer, que malgré ces travers, Dieu fera pour vous des biens infinis. Il ne m’appartient pas Monseigneur, de raisonner sur la guerre ; aussi n’ai-je garde de le faire, mais on a de grandes ressources, quand on est à la tête d’une puissante armée et qu’elle est animée par un prince de votre naissance pour la conduire

 

. Il est beau de voir votre patience et votre fermeté pour demeurer en campagne dans une saison si avancée. Notre jeunesse impatiente de voir Paris, avait besoin de cet exemple. Tandis qu’on croira encore pouvoir faire quelque chose d’utile, et d’honorable, il faut que ce soit vous, Monseigneur, qui tachiez de l’exécuter. Les ennemis doivent être affaiblis ; vous êtes supérieurs en forces, il faut espérer que vous le serez aussi en projets et en mesures justes, pour en rendre l'exécution heureuse. Le vrai moyen de relever la réputation des affaires est que vous montriez une application sans relâche. Votre présence nuirait et -aux affaires et à votre réputation si elle paraissait inutile et sans action, dans des temps si fâcheux. Au contraire, votre fermeté patiente pour achever cette cam­pagne, forcera le monde à ouvrir les yeux et à vous faire justice, pourvu qu'on voie que vous prévoyez, que vous projetez, et que vous agissez avec vivacité et hardiesse. Dieu sur qui je compte, et non sur les hommes, bénira vos travaux quand même il permettrait que vous n'eussiez aucun succès, vous feriez voir au monde combien on mérite les louanges des personnes solides et& éclairées, quand on a le courage et la patience de se soutenir avec force dans le malheur.

 

Vos ressources sont infinies, si vous en voulez faire usage. Vous avez beaucoup plus qu'un autre, Monseigneur, de quoi entretenir ceux qui vous environnement. En vous livrant à eux un peu plus, vous les charmerez. Une parole, un geste, un sourire, un coup d'œil Prince tel que vous, gagne les cœurs de la multitude. Quelques louanges données à propos au mérite, distingué, attendrira pour vous les honnêtes gens. Si vous avez le pouvoir d'avancer ceux qui en sont en ont dignes, faites-leur sentir votre protection.

 

Si vous ne pouvez pas les avancer, du moins qu'il paraisse que vous etes affligé de ne le pouvoir pas, et que vous recommandez de bon cœur leurs intérêts .Rien n'intéressera tant pour vous ceux qui  peuvent décider de votre réputation que de trouver en vous cette bonté de cœur, cette attention aux services et aux talents , ce goût et ce discernement t du vrai mérite , et cet empressement de le r faire récompenser.

 

J'ose vous dire Monseigneur qu'il ne tient qu’à vous de gagner les suffrages du public et de vous attirer les louanges du monde entier.

 

De ce côté-là, il vous est facile de faite taire les • critiques

d'un autre côté ; il faut avoir un grand égard  à l'improbation du public. J'avoue que rien  n’est tee plus vain que. de courir après les` vaines louanges des hommes qui sont  légers, téméraires injustes et aveugles dans leurs jugements. Heureux qui peut être ignoré d'eux dans la solitude ! Mais la grandeur, bien loin de vous mettre au-dessus des jugements des hommes, vous y assujettit infiniment plus qu'une condition médiocre.

 

Ceux qui, doivent commander aux autres, ne sauraient le faire utilement, dés qu'ils ont perdu l'estime et la confiance des peuples.

 

Rien ne serait plus dur et plus insupportable pour les peuples, rien ne serait plus dangereux et plus déshonorant pour un .Prince, qu'un gouvernement de pure autorité, sans l'adoucissement de l'estime„ de la confiance, et de l'affection réciproque.

 

Il est donc capital, même selon Dieu, que les grands Princes s'appliquent sans relâche à se faire aimer et estimer; non par une recherche de vaine complaisance; mais par fidélité à Dieu, dont ils doivent représenter la bonté sur la terre.

 

Si cette attention leur coûte, il faut qu'ils la regardent comme leur premier devoir, qu'ils préfèrent cette pénitence à toutes les autres, qu'ils pourraient pratiquer pour l'amour de Dieu. Si vous vous donnez à lui sans réserve, il vous facilitera bientôt certaines petites sujétions qui vous paraissent épineuses, faute d'y être assez accoutumé.

 

Je ne puis m'empêcher, Monseigneur de vous répéter qu'il me semble, que vous devez tenir bon jusqu'à l'extrémité dans l’armée, comme M. le Maréchal de Boufflers dans la Citadelle de Lille. Si on ne peut rien faire d'utile et d'honora­ble jusqu'à la fin de la campagne,  au moins vous aurez payé de patience, de fermeté et de courage, pour attendre les occasions jusqu’au bout ; au moins vous aurez le loisir de faire sentir votre bonne volonté aux troupes, et de gagner les cœurs. Si au contraire, on fait quelque coup de vigueur, avant que de se retirer, pourquoi faut-il que vous n'y soyez pas, .et que d'autres s'en réservent l'honneur ? Ce ferait faire penser au monde qu'on n'ose rien entreprendre de hardi et de fort quand vous commandez ; que vous n'y êtes qu'un embarras, et qu'on attend que vous soyez parti, pour tenter quelque chose de bon. Après tout, s'il y a quelque chose à espérer,  c'est dans le temps où les ennemis seront réduits à se retirer, ou à prendre des postes dans le pays pour, passer l'hyper. Voilà le dénouement de toute la campagne.

 

Voilà l'occasion décisive: pourquoi la manqueriez-vous ?

 

Ill faut toujours obéir au Roi avec un zèle aveugle, mais il faut attendre et tâcher d'évi.ter un ordre absolu de partir trop tôt.

 

Vous devez faire honneur à la piété, et la rendre respectable dans votre person­ne. Il faut la justifier aux critiques et aux libertins. Il faut la pratiquer d'une ma­nière simple, douce, noble, forte et con­venable à votre rang. Il faut aller tout droit aux devoirs essentiels de votre état par le principe de l'amour de Dieu ; et ne rendre jamais la vertu incommode par des hésitations scrupuleuses sur lés peti­tes choses.

 

L'amour de Dieu vous élar­gira le cœur et vous fera décider sur le champ dans les occasions pressantes. Un Prince ne peut point à la Cour ou à l'ar­mée régler les hommes comme des Re­ligieux; il faut en prendre ce qu'on peut, et se  proportionner à leur portée. Jésus?Christ disait aux Apôtres : (a) beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez, pas maintenant les por­ter. S. Paul dit :(a)  «  Je me suis fait tout à tous pour les gagner tous. »

 

Je prie Dieu tous les jours que l'esprit de liberté sans relâchement vous élargisse, le cœur, pour vous accommoder aux besoins de la mul­titude.

 

11 faut montrer que vous pensez d'une façon sérieuse, suivie, constante et ferme Il faut convaincre le monde que vous sentez tout cc que vous devez sentir et que rien ne vous échappe. Si vous paraissez mou et, facile à entraîner, on vous entrainera et  on vous mènera loin, au dépens de votre réputation.

 

Lorsque vous serez de retour à la Cour, vous devrez ce me semble, 'parler au Roi d'un ton ferme et respectueux, lui montrer clairement et en  détail les véritables causes des mauvais événements, avec les remèdes qu'on peut y apporter. Si vous lui faites voir que vous n'avez manque à rien d'essentiel si vous lui représentez la situation très embarrassante ou vous vous êtes trouvé, enfin si vous appuyez vos bonnes raisons par les témoignages uni formes des principaux Officiers, qui doivent naturellement dire la vérité en votre faveur, si peu que vous ayez soin de gagner leurs cœurs,

 

le Roi ne pourra pas s'empêcher d'avoir égard à votre bonne cause pour l'intérêt de l'état. Votre ressource doit être celle des bonnes raisons, appuyées avec une fermeté qui ne peut être que louée, quand elle fera assaisonnée d'une soumission, d'un Zèle et d'un respect à toute épreuve pour le Roi.

 

Le moment de votre retour à la Cour sera une crise. Je redoublerai mes prières en ce temps là.

Si vous vous accoutumez à rentrer  souvent au-dedans de vous, pour y renouveler la possession que Dieu doit avoir de votre cœur ; si vous dites avec humilité Audiam quid loquatur in me Dominus. Psaume 84 ,9

 

Si vous n'agissez ni par humeur, ni par goût naturel, ni par vai­ne gloire ; mais simplement par mort à vous-même, et par fidélité à l'esprit de grâce, Dieu vous soutiendra.  Angelis suis mandavit de te, ut custodian tte in omnibus viis tuis. Débiteur denim vois in Ila Hora, quid loqua mini Psaume 40,12

 

Vous deviendrez grand devant tous les hommes, à proportion de ce que vous serez petit devant Dieu et souple dans sa main, vous aurez des croix, mais elles entreront dans les desseins de Dieu, pour vous rendre l’instrument de sa Providence et vous direz « Superabundo gaudio in omni tribulatione nostra ». Je ne saurais être devant Dieu que je m’y trouve avec vous, pour lui demander que cous soyez, comme David, selon son cœur.

 

 

Extrait d’une des réponses du Prince aux lettres qu’on vient de voir et dont les originaux subsistent  écrits de sa propre main

.

Je tacherai de faire usage des avis que vous me donnez et priez Dieu qu’il m’en fasse la grâce…..

 

Demandez  de plus en plus à Dieu qu’il me donne cet amour pour lui au dessus de tout et de moi-même, amis, ennemis, pour lui et en lui…

 

Je m’attends à bien des discours que l’on tient et que l’on tiendra encore. Je passe condamnation sur ceux que je mérite et méprise les autres, pardonnant véritablement à ceux qui me veulent ou font du mal et priant pour eux. Voilà mes sentiments, mon cher archevêque ; et malgré mes défauts, une détermination absolue d’être à Dieu.

 

Priez-le donc incessamment d’achever en moi ce qu’il a commencé et de détruire ce qui vient du péché originel et de moi. Vous savez que mon amitié pour vous est toujours la même