Présentation de Fénelon
Présentation
La vie et l’œuvre de Fénelon s’inscrivent à la fin du XVII siècle au début du XVIII siècle, sous le règne de Louis XIV. A la cour, Fénelon est témoin du faste, du luxe, et de la centralisation bureaucratique. Dans son diocèse, il voit la misère gagner les populations. De précaire, la situation économique devient critique.
La querelle janséniste et l’affaire du quiétisme dans laquelle Fénelon est impliqué révèlent le durcissement de l’absolutisme religieux. Après avoir voulu rivaliser d’autorité avec le pape, Louis XIV cherche son appui pour vaincre ces résistances.. Prédicateur zélé, Fénelon est un exemple de la Réforme Catholique .
Toute sa vie, Fénelon cherche à ramener les hérétiques, convaincre les infidèles, perfectionner les fidèles. Dès le début de sa mission, l’abbé de Fénelon est sensible à la prédication . Il est remarqué à cause de ses talents d’orateur et appelé à la Cour pour remplir les fonctions de directeur de conscience.
Envoyé en mission pour convertir les protestants dans les zones réformées, l’Aunis et le Saintonge ; il manifeste la même modération que Bossuet ; il se montre favorable à la douceur . Le XVIIème siècle est un grand siècle mystique. Le mysticisme est la recherche de l’union avec le divin. Le pur amour, notion de base de la pensée mystique de Fénelon, se définit comme mort à soi même : « c’est par l’anéantissement de mon être propre et borné que j’entrerai dans votre immensité divine » ;
L’origine de cette évolution spirituelle se trouve dans la rencontre de l’abbé Fénelon avec Madame Guyon. Le soupçon est bientôt jeté sur les discours et les œuvres de Madame Guyon, accusée de répandre la doctrine quiétiste condamnée par le Pape. A la demande de Fénelon,, une commission est réunie pour examiner le contenu de cette doctrine : ce sont les fameux entretiens d’Issy.
En 1695, madame Guyon est emprisonnée.
La nomination de Fénelon au siège épiscopal de Cambrai l’éloigne de la Cour.. Suite aux entretiens d’Issy commence la guerre des brochures entre Bossuet et Fénelon. L’aigle de Meaux et le cygne de Cambrai s’opposent dans une série d’écrits sur des questions de doctrine.
C’est dans ce contexte que s’élabore la pensée spirituelle de Fénelon. En 1699, à la demande de Louis XIV, vingt trois propositions de « l’explication des Maximes des Saints » sont condamnées par le Pape Innocent XII. Fénelon, le redoutable polémiste, se soumet aussitôt à l’autorité pontificale.
L’intérêt de Fénelon pour les problèmes d’éducation se manifeste dès le début de sa mission. Dans le « Traité de l’éducation des filles » il développe des idées extrêmement hardies pour l’époque. Appelé à exercer les fonctions de précepteur du duc de Bourgogne, il sera admiré pour les résultats obtenus auprès d’un enfant réputé difficile. Présentés sous la forme de fables, de dialogues et d’aventures, les écrits pédagogiques constituent l’œuvre littéraire de Fénelon.
Ainsi sa pensée politique voit-elle le jour dans ces lignes .Le précepteur expose dans « les Aventures de Télémaque » sa conception du bon gouvernement, des devoirs et des responsabilités du Roi.
Tout en restant respectueux de la société d’ordre, tout en gardant une fidélité sans faille au Roi, monarque de Droit Divin, Fénelon attaque les théories absolutistes. « La lettre à Louis XIV », incisive, cruelle, fait le portait d’un roi, vaniteux et orgueilleux et met le souverain en face de ses devoirs et de ses responsabilités. Dans « Les tables de Chaulnes », plan de réforme du royaume adressé au futur roi, Fénelon propose d’établir une monarchie nobiliaire, seul rempart selon lui contre le despotisme, l’aristocratie épurée et rénovée contrôlant le pouvoir royal. La mort du duc de Bourgogne met fin aux espoirs d’un règne heureux selon ses idées.
La nomination de l’abbé Fénelon au siège archiépiscopal de Cambrai couronne sa carrière.
A partir de 1697, il est exilé dans son diocèse et deux ans après, il est suspendu de ses fonctions de précepteur du Duc de Bourgogne.
La condamnation de l’Explication des maximes des Saints par le pape et le scandale qui entoure la parution du Télémaque achèvent sa disgrâce.
Dans son diocèse, il est perçu d’abord comme un prélat français au langage châtié et aux mœurs raffinées et aristocratiques. Mais il apprend à connaître ses fidèles, à les aimer et à se faire aimer d’eux il exerce ses fonctions d’administrateur et effectue sa mission avec zèle.
Archevêque d’un vaste diocèse, Fénelon est confronté aux vicissitudes du conflit et aux fluctuations des frontières, pendant les vingt années de sa présence à Cambrai.
Après deux siècles de souveraineté espagnole, le diocèse est en partie conquis par Louis XIV.
La signature des Traités de Nimègue établit le partage des Pays-Bas entre les deux souverainetés.
Puis le diocèse devient à nouveau un champ de bataille lors de la guerre de la ligue d’Augsbourg et se trouve finalement occupé par les troupes des Coalisés pendant la guerre de succession d’Espagne, jusqu’à ce que le traité d’Utrecht fixe à nouveau les frontières dans les Pays Bas.
Archevêque de Cambrai comte de Cambrésis, seigneur du Cateau-Cambrésis, Fénelon est un seigneur temporel disposant de l’autorité civile et judiciaire. Il répond à l’effort de guerre et demande à ses sujets même soumission.
A partir de 1699, « Monsieur de Cambrai » se consacre entièrement à son diocèse. Malgré les difficultés, chaque année du printemps à l’automne, Fénelon part en tournée épiscopale. Soucieux d’établir avec son clergé et ses fidèles une relation de proximité, Pour la formation du clergé, il fonde un séminaire à Cambrai.
Il écrit un catéchisme, fait publier un rituel et un manuel de piété pour former les fidèles.
Apôtre de la charité, Fénelon devient populaire auprès des soldats et de ses sujets à cause de sa bonté. La légende fénelonienne se nourrit de ses épisodes largement illustrés, en particulier par les artistes du XVIIIè siècle.
En 1715,le 7 Janvier, Fénelon meurt « sans devoir un sou et sans nul argent »
Saint Simon
Michel DUSSART
D’après Florence BULTEZ pour l’Association Recherche de Fénelon. Année Fénelon 1995